L'artiste de Farafra
Souvent le patron a pensé que les vrais artistes, ceux qui ne font pas semblant, sont des êtres remplis de sensibilité. Etres qui savent capter l’instant banal qui passe lui donnant ainsi toute une autre dimension éternelle. Le patron avait rencontré Badr, un des ces artistes que la nature a crées et qui est resté fidèle à celle-là. Durant son premier voyage au désert blanc, il y a bien une douzaine d’années, le patron avait fini son périple à Farafra. Là, on lui avait dit qu’un artiste vivait dans une maison toute particulière non loin de la vieille ville. Maison qui, au fil du temps, s’est transformée, petit à petit, en un véritable musée. Badr est né à Farafra et en est profondément amoureux. Face à la modernisation galopante et surtout menaçante pour son oasis tant aimée, Badr a décidé d’y rester et de s’inspirer de la nature pour pouvoir montrer comment la nature offre plein de richesses dans tous les domaines, notamment celui de l’art. Il s’inspire donc des scènes de la vie de son oasis pour faire des aquarelles, il éternise des hommes, des femmes qui y habitent en dessinant des portraits tout aussi marqués par l’oasis et par la nature. Il ramasse différents types de sable qui entoure son lieu de naissance, les groupant ensuite dans des sots pour les utiliser à faire des tableaux exceptionnels colorés au sable qu’il colle sur des rectangles en bois. Il utilise aussi tous les matériaux que la nature lui donne gratuitement et aussi généreusement pour en faire des statues, laissant libre court à son imagination tout en soulignant la beauté de chaque morceau de bois, de roches qu’il travaille. Il a construit sa maison avec des matériaux de la natures, et lorsque des visiteurs arrivent pour la visite, il se précipite à mettre une musique qui semble sortir tout droit du cosmos. Chaque fois que le patron y va, il adore se perdre tranquillement dans les pièces que l’artiste continue à décorer ajoutant d’autres chefs d’œuvre que la nature et la main de Badr ont crées. Il a réalisé d’autres « rêves », comme il les appelle, en construisant une maison d’hôte non loin de son musée, dans laquelle il reçoit des artistes de passage dans son oasis créant ainsi un lieu de partage d’expériences artistique internationale. Les Gaulois n’ont pas pu partir de ce lieu de rêve sans acheter un tableau qu’ils ramèneront en France. La nature de Badr voyagera ainsi de l’autre coté de la méditerranée. Le patron a toujours eu beaucoup d’admiration pour cet homme qui semble oublié dans son oasis mais dont le travail en silence semble aussi énorme que la progression lente des dunes de sable.