Agami

Publié le par nagui chehata

Le patron de la pension de la joie vient de passer quelques jours inoubliables à Alexandrie, plus précisément à Agami, une plage à l’ouest de la ville. Comme ces jours-ci c’est la période du Ramadan, le patron et quelques amis se sont dit que c’était la meilleure occasion de profiter de la mer et du calme des plages. A cette époque de l’année, c'est-à-dire en plein mois d’aout, les plages d’Alexandrie sont noires de monde. Mais, en raison du Ramadan, les musulmans qui sont quand même majoritaires en Egypte, ne vont pas à la plage pour observer leur mois de jeûne et restent donc à la maison, du moins ceux qui sont encore en vacances. Et comme le Ramadan avance chaque année d’une dizaine de jours, le monde arabe connaitra au moins dix ans durant lesquels ce mois de jeûne tombera en plein vacances scolaires. Du coup, ce sont les chrétiens d’Egypte qui profitent à fond pour conquérir les plages du pays et pouvoir ainsi retrouver des comportements de vacances plus au moins normaux ! Le patron avait la joie de constater que, sur les plages d’Agami, d’habitude noire de  monde où des femmes toutes habillées nagent dans l’eau, des hommes, habillés aux aussi, matent les corps de femmes sous leur habits qui leur collent encore plus lorsqu’elles sortent de l’eau, bref, ces plages là, retrouvaient finalement leur splendeur d’autrefois. Cette fois-ci, les femmes descendaient à l’eau en maillot de bain, se promenaient sur la plage sans se faire lourdement draguer par des hommes en chaleur. Des familles entières s’amusaient, riaient, mangeaient, buvaient des bières et d’autres boissons. Bref, le patron avait l’impression de retrouver l’Egypte qu’il a connue il y a une trentaine d’années, l’Egypte des films en noir et blanc, où l’on n’avait pas honte de son corps, où l’intégrisme religieux et l’obsession du sexe qui vont toujours de paire n’avaient pas encore pris le dessus de la société égyptienne. Le patron passait son temps à observer ces familles qui occupaient tranquillement les parasols et se disait que c’était bien dommage que toute la société ne puissent pas retrouver une ouverture d’esprit qui a existé jadis. Une des plages où l’on se sent vraiment comme en Europe c’est « Paradis », plage privée pour les habitants du quartier de Bianchi, le quartier le plus vieux d’Agami. L’histoire de ce quartier commence il y a plus qu’une cinquantaine d’année quand le célèbre chanteur égyptien Abel Halim Hafez, surnommé Le Rossignol Noir, est allé habiter dans une maison construite par les bédouins du coin. Les maisons d’alors étaient construites avec des roches de calcaire blanches. Puis, ont suivi d’autres acteurs, comme Nadia Lotfi et d’autres encore. Le coin est devenu très à la mode en peu de temps surtout qu’il n’était pas très loin d’Alexandrie. Les bourgeois d’Alexandrie de l’époque ont, eux aussi, commencé à construire des résidences secondaires et toute la bourgeoisie alexandrine de ces années là passaient les mois d’été à Agami, alors que la ville d’Alexandrie se remplissait de vacanciers venus du Caire et d’autres villes du Delta du Nile. Petit à petit, Agami s’est étendue et des quartiers moins riches ont été construits, créant ainsi deux mondes voisins : d’un coté, Bianchi avec les riches d’Alexandrie, de l’autre, El Bitache, moins riche avec des immeubles et des appartements. Mais Bianchi a réussi à garder son aspect avec ses villas d’une grande simplicité mais avec beaucoup de goût aussi. Les coucher du soleil sur la plage sont plus que magnifiques et le patron passait là des heures avec ses amis à refaire le monde, à philosopher comment on pourrait sauver le peu de choses qui restent encore de cette époque d’or. Le soir, il préférait repartir sur Alexandrie pour dormir chez l’un du groupe parce que l’appartement qu’ils avaient loué à El Bitache avait certes une superbe vue sur la mer, mais était très mal équipé. Les matelas étaient dans un état désastreux à un tel point que le patron n’avait pas envie d’y mettre ses draps qu’il avait ramenés avec lui de la pension. Pas assez d’assiettes, ni d’ustensiles de cuisine. Bref, un bel appartement certes, mais les propriétaires, des gens qui n’ont aucun sens du savoir faire, veulent juste gagner de l’argent, sans se donner la peine d’améliorer les services les plus simples pour rendre les vacances agréables aux locataires. Du coup, chaque soir, après avoir pris sa douche, toute la joyeuse bande partait vers Alexandrie pour passer la soirée. Ils ne pouvaient pas éviter de ne pas manger chez El Fallah, le meilleur petit resto qui fasse des foies à la façon alexandrine. Un tout petit magasin d’à peine deux mètres qui a réussi à se faire une réputation des meilleurs plats de foies d’Alexandrie, un must pour ceux qui passent des vacances à Alexandrie et pour les alexandrins eux-mêmes qui résistent difficilement à un bis, tellement c’est bon.

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S
<br /> Je suis si heureuse que tu te sentes mieux. Je comprends bien ce que tu dis à propos des amis qui se revèlent pas si bons amis que ça. Moi aussi, j'ai toujours beaucoup de foi dans les gens et<br /> parfaois je prends de mauvais coups mais c'est mieux d'en risquer que de se fermer aux belles occasions d'amitiés qui se présentent aussi, n'est-ce pas? Je t'envoie u n gros calin, Silvia<br /> PS: Et Doaa? Comment va-t-elle? J'aimerai bien avoir de ses nouvelles.<br /> <br /> <br />
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N
Merci pour vos commentaires à tous ! heureusement qu'on aura dix ans durant lesquels on pourra bien profiter des plages pendant le ramadan ! youpi !
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O
Noga ! Je vois la nourriture dont on parlait :D
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T
Tu as l'air bien nostalgique de ces années passées ! rien n'est plus comme avant......au moins il y a moins de monde sur les plages ! et ça c'est pas désagréable. bon we à toi; Tifet
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J
Ces plages retrouvent "leur splendeur d'autrefois"...et la vraie vie qui va avec..."cette ouverture d'esprit"...Ton discours est plein de nostalgie...L'avenir fait peur!
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