Désiliconé mais gonflé
L'opération ne devait pas être trop compliquée d'après le médecin. Donc, pas longue. Mais ce qui était interminable c'était l'attente avant l'opération: Le médecin lui avait dit de venir à 9 heures du matin. Et comme le patron a cette sale habitude d'être à l'heure, il était arrivé à 9 heures pile. Puis, 6 heures d'attente! Interminables! Il n'en pouvait plus le patron du stress et de la fatigue d'attendre cette maudite infirmière qui allait enfin prononcer son nom pour le préparer pour la salle opératoire. Les malades venaient, s'installaient, se faisaient appeler, disparaissaient, ressortaient avec un bandage sur un oeil, fatigués de l'opération qu'ils ont subie, appuiés sur le bras d'un de leur proche. Et le patron, passait ses heures à voir cette scène se répéter. Apparement, son médécin commençait avec les grosses opérations compliquées comme celle que le patron a subie en mars. Puis, il finirait avec les opérations simples. Simples, peut être, mais opération quand même; et le patron n'avait qu'une envie : retourner chez lui pour manger puisqu'il crevait de faim à cause du jeune obligatoire avant l'opération.
Alors combien fut grande la joie du patron quand, enfin, l'infirmière rose, est arrivée pour lui coler la fameuse étiquette au dessus de l'oeil malade! Momment magique et tant attendu! Allait-on enfin l'appeler ? Ben non: Le patron est resté comme ça encore des heures ainsi étiqueté pour attendre encore et encore! Enfin, à trois heures moins le quart, on l'appelle! Le patron court vers la salle où il devait endosser sa superbe robe bleue, un déjà vu, et faire un petit pipi avant de se laisser transporter sur le fameux fauteuil roulant - encore lui - jusqu'à la salle opératoire. Il avait surtout pitié de son ami alexandrin, Ramez, venu spécialement pour lui tenir compagnie et l'accompagner en voiture. Sa mère, quant à elle, avait apporté avec elle son livre de prière, El Egbeya, livret que tous les coptes ont dans leur sac à main, pour prier et lire des petits passages de l'évangile. Ainsi bien entouré, le patron est renté enfin dans la salle opératoire. Une fois dedans, il avait l'impréssion de retrouver des vieux copains: une ambiance qu'il connait bien désormait. Il se disait: "Maintenant , l'anesthésiste viendra me voir et me poser des questions", et hop, voilà le chef d'anesthésiste qui vient lui expliquer comment on allait l'anesthésier. Le patron, pour dire la vérité, aime bien ce moment parce qu'il se sent alors tout près de son frère, anesthésite vivant au Canada et donc se met à parler avec les anesthésistes présents en salle opératoire de son frère, et demande s'ils le connaissent, etc, etc.... Cette fois ci, l'anesthésiste était un jeune diplomé, mais très gentil et efficace! Le patron n'a rien senti des 5 injections autour de l'oeil qu'on lui a faites.
Puis, arrive l'ophtalmo, le patron reconnait sa voix puisqu'on l'a couvert avec cette horrible couverture en plastique verte. Il vaut mieux ne pas être clostrophobe parce que c'est ce qu'il y a de plus angoissant: ainsi couvert, on se sent comme mort et toutes les angoisses du monde sont au rendez-vous. Les minutes alors paraissent interminables. Le patron essayait de suivre le très peu de conversation entre les médecins, mais n'arrivait à rien entendre et cela l'angoissait encore plus. Il avait toujours envie de demander ce qu'on était entrain de lui faire mais ne l'osait pas.
Puis, à un moment donné, le patron a senti une drôle de sensation: comme si son oeil avait des contrations. Là, le patron n'a pas pu se taire et a dit au médecin qu'il sentait ce qui se passait. Le médecin l'a tranquilisé en lui disant qu'il devait compter 5 minutes . Rire des infirmiers. Bon, tout le monde rit. Ils ont l'air détendus, tout va bien donc, s'est dit le patron. C'est nul de compter jusqu'à trois cent! Une petite prière pour la Vierge serait plus efficace dans ces conditions.
Puis,enfin arrive le mot tant attendu du médecin. C'est fini. Hamdellah 3ala el salama = Merci Dieu pour ta guérison! On enlève la couverture en plastique! Ouf, le patron respire! On le ramène jusqu'à la porte. La porte de la salle opératoire s'ouvre. Sa mère est là dans le corridor qui l'attend avec des yeux qui scruttent une réponse de son fils chéri: - Alors? C'était dur? - Non, correct, à la fin j'ai senti un peu, mais c'était supportable.
Il est quatre heures de l'après midi. L'opération aurait duré trois quart d'heure. Enfin, il peut rentrer chez ses parents pour manger et se reposer. Il doit juste attendre qu'on lui donne l'ordonnance avec tous les médocs qu'il devrait prendre pour les prochains jours.
Deux injections d'antibiotiques pour le premier jour, puis des gouttes, deux types, 6 fois par jour chaque deux heures durant la première semaine et enfin , une paumade la nuit à mettre avant de dormir. Interdiction de dormir sur le coté droit. Interdiction de mouiller l'oeil! Aie, et la douche avec cette horrible chaleur? On trouvera un moyen! Couvrir l'oeil en sortant de la maison. Puis, ne pas être effrayé parce que le patron ne verra que de la lumière durant la première semaine puisque le médecin lui a mis aussi de l'air pour bien nettoyer la silicone. Cet air rendrait la vue opaque pendant une semaine, puis petit à petit ça se stabiliserait. Rendez-vous dimanche 20 pour avoir les dernières nouvelles.
Le patron est donc enfin chez lui. Il doit maintenant patienter et veiller à observer toutes les recommandations du médecin. Ce soir, au 14 juillet, à l'ambassade de France, il passera pas inaperçu avec son look de pirate.