Le coup de la panne
La nuit fut moins froide que celle d’avant. Peut-être un peu moins de vent. Le patron n’a quand même pas osé se lever de son sac de couchage avant que les premiers rayons de soleil viennent lui caresser la tête. Dans le désert blanc, l’avantage c’est qu’on n’a pas besoin de faire des kilomètres pour se cacher des regards des autres pour faire sa petite commission. Il suffit juste de disparaître derrière le premier champignon. Puis, une fois soulagé, on peut commencer à apprécier la beauté du paysage qui s’offre aux yeux : des champignons en pierre blanche semblent avoir poussé durant la nuit. Des têtes de tortues qui sortent du sable comme réveillés d’un long sommeil. La promenade dans ce musée en plein air est tout simplement fabuleuse. Le patron a beau cherché les traces du fennec de la veille, mais le vent avait tout effacé comme si cette rencontre nocturne n’avait jamais existé. Peut-être ce n’était qu’un rêve ? L’ambiance magique du désert aurait-elle poussé le patron à avoir des hallucinations ? Ou c’est peut-être ça aussi la magie du désert : ces rencontres inoubliables que le vent ne tarde à effacer de la terre mais qui restent gravées au fin fond de l’être. Que le silence, l’immensité, la blancheur des roches et les voix d’humains qui se réveillent eux aussi doucement, le va et vient de Vendredi qui s’active lentement pour préparer le petit déjeuner. Le réveil de Khaled se fait attendre mais cela ne semble en rien perturber le travail de Vendredi qui sait comme un compagnon fidèle ce qu’il doit avoir préparé pour ses clients. Enfin, Khaled se réveil. Petite manœuvre du matin : Ouvrir le capot de la voiture pour verser l’eau chaude sur le moteur et décongeler ainsi le gasoil. Eh oui, il fait si froid la nuit à un tel point que le gasoil se gèle. Mais là, petit problème mécanique. Le capot refuse de s’ouvrir. Apparemment le fil qui tire le mécanisme qui ouvre le capot a sauté de place. Moment donc de bonheur pour le Gaulois qui est bercé dans la mécanique depuis très longtemps. Un problème mécanique en plein désert, quoi de plus excitant pour qu’il saute sur l’occasion ? Même malgré le problème de langue, la communication se déroule sans problème entre Le Gaulois, Khaled et Vendredi. Ce dernier observe admirateur le travail d’un mécanicien gaulois ! Il doit se dire qu’en France, ça doit quand même être plus performant qu’ici. Le temps passe, Le Gaulois transpire sous le soleil qui chauffe sans arrête ce jour là. Enfin, la réparation terminée, le sourire revient sur les lèvres, Khaled propose alors en rigolant au Gaulois de l’embaucher avec lui au désert pour les coups de pannes pareils. Rire. Ambiance bonne enfant. Le petit déjeuner est prêt et les Gaulois, ainsi que le patron qui s’était encore une fois senti tout proche du Petit prince avec cette panne dans le désert, tous ont faim. La Gauloise, part en courant pour poser entre ce qu’elle appelle des « Meringues géantes », puis le campement se lève. Direction Farafra à la rencontre d’un personnage hors du commun dont le patron parlera dans son article de demain.