Les cancres du patron

Publié le par nagui chehata

Le patron de la pension de la joie a plusieurs casquettes ! C’est normal : il a tous les talents cachés (et non cachés) ! C’est pour cela qu’il se lance dans des aventures qui l’emmèneront vers le bonheur absolu un jour. Mais, en attendant, il profite du moment présent pour vivre les moments de bonheur que la vie lui offre. Le voilà donc engagé depuis quelques semaines dans une nouvelle aventure de tournage dans des courts métrages lancés par un ex élève, Sami et un ami français Maxime. Sami était parmi ces élèves qui n’avaient rien à f… de ce qui se passait en classe quand le patron l’avait en troisième. Il se rappelle bien le patron que Sami venait en classe, s’asseyait au fond, et s’étalait sur son bureau. Il avait beau essayé le patron-professeur de l’intéresser, mais, toutes les pratiques pédagogiques qu’il connaissait à l’époque n’ont rien donné. Toutes ? Sauf une : Lorsque le patron a lancé un club de théâtre francophone dans son école, Sami était le premier à s’y inscrire. Et là, le patron découvrait un autre élève : Motivé, motivant pour toute la troupe, un vrai Leader plein d’idées qui aidait à tout moment le patron-professeur-metteur en scène, dans sa mission de monter une pièce avec ses élèves. Naturellement Sami avait le premier rôle. Il est parmi ces rares élèves égyptiens qui parlent tout le temps français à la maison, qui adorent lire pleins de bouquins. Bref, grâce à lui, la troupe tenait et c’était toujours un plaisir de le voir improviser parfois sur scène quand le moindre pépin se produisait durant les représentations. Durant la préparation de ce même festival dont le patron-professeur-metteur en scène était aussi président, eh oui, le hasard a fait qu’il rencontre dans une de ses soirées au club grec, un français, Maxime, qui débarquait en Egypte pour passer quelques semaines. Le patron découvre alors que Max faisait du jonglage, et comme le patron-président du festival cherchait des animateurs de théâtre, il lui a tout de suite proposé si Max ne voulait pas lui donner un coup de main. Max, de nature très généreuse, a sauté sur l’occasion et le voilà entrainé, lui aussi, dans cette merveilleuse aventure qu’était (l’emploi de l’imparfait est intentionnel) le festival de théâtre francophone. C’est ainsi que Sami et Max, se sont rencontrés. Depuis, la vie a éloigné le patron du festival, mais une amitié franco-égyptienne est née entre les deux jeunes. Puis, un beau jour, Sami qui, entre temps a bien réussi son bac avec un bon pourcentage (comme quoi, il ne faut jamais désespérer avec les « cas désespérés ») , donc Sami téléphone au patron pour lui proposer de jouer dans des courts métrages, un projet que Max et lui ont monté ensemble. ( http://www.salade-loukoum.com ) Le patron a donc joué quelques petites scènes, chez lui à la pension. Puis, Lundi, comme c’était un jour férié en Egypte pour la fête de la naissance du prophète, Max voulait tourner une des scènes les plus importantes en nombres d’acteurs dans la rue. Projet monstrueux quand on pense que les rues du Caire ne désemplissent jamais. Pour cela, il devait aussi penser à fabriquer une grue pour la caméra. Surprise, surprise : Le petit frère d’un autre ex-élève qui joue dans les courts métrages lui aussi, et qui, lui-même, est actuellement élève chez le patron-professeur, s’est proposé à fabriquer la grue ! Il faut juste préciser que le petit Sélim en question n’est pas, lui non plus, parmi les plus brillants de la classe et que sa calligraphie sur les copies d’examens est souvent qualifiée de « désastreuse ». Donc, ce lundi, les rues étaient vides et le petit Sélim est venu avant tous les acteurs, avec son papa, pour installer la grue qu’il avait fait fabriquer. Le patron, n’en revenait pas quand il voyait ce petit manipuler les pièces détachées de la grue, les mettre ensemble, donner des ordres à tout le monde pour qu’ils l’aident à achever son travail, verrouiller ce qu’il y avait à verrouiller, etc. Il maniait le tournevis, les vis, les clous, les cordes, les morceaux de fer comme un vrai pro. Tout le monde était épaté de voir ce petit géni travailler aussi adroitement. Le patron-acteur, qui mourait d’envie de savoir comment son Petit Sélim avait fait pour fabriquer cette grue, lui a demandé le secret. « Mais c’est facile monsieur ! Je suis rentré sur le net, j’ai tapé grue pour caméra, j’ai vu plusieurs modèles, j’ai parlé avec Max pour comprendre ce qu’il voulait faire exactement, j’ai trouvé des plans, j’ai dessiné des maquettes, j’ai trouvé un atelier de fer forgé, j’ai donné les plans au type et voilà ! C’est facile ! » Ben oui, évidement que c’est facile, ben voyons patron !!!! Depuis, le patron-professeur regarde Sélim d’un autre œil en classe. Bonne leçon de moral !

Le tournage de la scène était une réussite. Puis, entouré de quelques ex-élèves qui jouent aussi dans le même film, le patron- acteur a fini cette première partie de la journée tournage au Chantilly en dévorant un bon cordon bleu. Pas de bière ce jour là : c’était la fête du prophète !

 

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B
Bravo Nagui! Encore un bel exemple de talents révélés par le théâtre. Ou comment intéresser les jeunes au français : ceux qui ne veulent pas être acteurs peuvent déployer leurs talents artistiques en construisant les décors, leurs talents manuels en s'occupant du tournage, etc. C'est pour cela que j'ai toujours adoré le théâtre, tout le monde peut y trouver son compte.
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M
moi aussi, j'ai beaucoup de "cancres" en classe, mais ils vont guerir à travers l'enthusiasme!!!
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S
wouais vous êtes les meilleurs.. je ne connais pas Séim mais les 3 autres... des vrais pros, je confirme!!!<br /> Sami souvenir, souvenir de la pièce de théatre franco-arabe ;-)
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S
waouh c'est génial!!<br /> Je ne connais pas Sélim mais je confirme que le patron, Max et Sami sont de vrais pros...<br /> souvenir d'une pièce de théatre avec Sami et le patron ;-)<br /> bisous les loupiots ;-)
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Y
Salade et loukouuuuuum !!!!!
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