Les Turcs à la pension
Une des demandes de couchsurfing qui a le plus turlupiné le patron c’était celle de deux Turcs qui arrivaient en Egypte après avoir séjourné quelques jours en Jordanie. Lorsque le patron a lu leur profil, il a sauté au plafond quand il a vu qu’ils avaient reçu chez eux des centaines de personnes ! Y aurait-il des gens plus fous que lui donc ? Même s’ils avaient l’air de deux hippies typiques, le patron voulait les accueillir chez lui. Il n’avait jamais fréquenté ce monde de hippies, il ne savait pas très bien à quoi ça pouvait ressembler, et comme tout le monde il avait ses idées reçues sur ces gens là ! Mais comme le patron ne voulait pas que ces idées là le bloquent et lui interdisent de vivre des moments de découvertes heureuses avec eux, il a décidé d’accepter de les accueillir à la pension. D’ailleurs, la pension n’avait jamais encore connu des Turcs et le patron se rappelle bien du beau séjour qu’il avait passé à Istanbul il y a deux ans. Baran et Gemré devaient arriver à une date précise, puis le patron n’avait eu aucune nouvelle d’eux. « ça commence bien », s’est –il dit ! Puis deux jours après, il apprend qu’ils étaient bloqués à Aqaba et qu’ils attendaient les sous nécessaires pour pouvoir prendre le bateau et arriver en Egypte. Quelques jours après, le patron reçoit un mail où ils lui annonçaient qu’ils allaient enfin débarquer au Caire, venant du Sinaï en stop. Vu que le stop n’est pas une pratique très courante en Egypte, le patron avait quand même un doute sur leur arrivée. Puis, un jour, un appel : ils sont bien arrivées à la place Héliopolis, tout près de chez la mère du patron. Le patron est allé alors les chercher et ils sont enfin arrivés à la pension. Pantalon large et à moitié déchiré, sac à dos, cheveux longs, bien bronzés, ils avaient l’air plus de gitans que de deux Trucs en vadrouille. Comme le patron ne parle pas encore le turc, ils discutaient en Anglais. C’est ainsi qu’il découvre que Baran est musicien, joueur de batterie et que Gemré était prof de turc pendant quelques mois puis qu’elle a cessé de faire ce boulot où elle ne se trouvait pas. Elle a plutôt envie d’écrire des scénarios de film ! Même si elle parlait mal l’anglais, le patron et elle arrivaient à communiquer grâce à l’aide de Baran qui, lui, est assez fort en anglais. Puis, le patron commençait à découvrir leur rythme, assez lent à vrai dire. Ils pouvaient passer des journées entières à la pension, à rien faire, à se broncher sur internet, à se reposer, à glander. Quand le patron avait le temps, il les entrainait au café horeya pour boire une Stella, sinon, ils se promenaient tranquillement pour découvrir le Caire, rencontraient des musiciens de rue lors d’un festival au centre ville. Baran s’est même trouvé sur la scène durant un concert pour donner un coup de main à un groupe de musiciens avec qui il a sympathisé. Bref, un rythme de découverte de la ville que le patron n’avait jamais encore rencontré, loin de la frénésie d’autres clients de la pension qui veulent tout voir en très peu de temps. Lorsque le patron rentrait chez lui après de longues journées de travail, il trouvait leur chambre bien rangé, ce qui plaisait beaucoup au patron, par contre, il a pu vérifier la véracité de l’expression « fumer comme un Turc ». Depuis leur passage d’ailleurs, le patron a décidé de classer le patron en zone non-fumeur pour protéger ses poumons et surtout les petites poumons de ses pauvres chats qui devaient supporter toute cette fumée. Puis, comme le patron voyait qu’ils s’éternisaient à la pension et qu’ils n’avaient aucune idée de quand ils allaient repartir, et comme il allait avoir d’autres clients à la pension, le patron a dû leur demander de libérer la chambre avant la fin de deux semaines. Pour leur dernière soirée à la pension, ils se sont proposés de cuisiner et d’inviter un autre ami à eux, musicien qu’ils avaient rencontré lors de leur séjour au Caire. Repas turc donc quoique brulé en parti parce qu’ils l’avaient oublié sur le feu. Grâce à eux, le patron a découvert un autre rythme de vie, une autre façon de concevoir la vie, une façon simple, sans jamais se préoccuper du lendemain, chose que le patron a extrêmement du mal à faire. Ils sont partis de la pension, pour rencontrer un type rencontré près des pyramides qui leur avait proposé de les recevoir chez lui, au pied des pyramides où ils pourraient camper et y rester quelques jours jusqu’à ce qu’à nouvel ordre ! Depuis, le patron n’a pas eu de leurs nouvelles, mais l’expérience de les recevoir à la pension en valait la chandelle !