Sur Scène!

Publié le par nagui chehata

Un après midi tranquille. Le patron faisait sa sieste comme d’habitude assommé par cette température qui s’abat sur le Caire durant l’été. Les rues sont quasi désertes à cette heure de la journée. Le portable sonne : Adham : Un ami danseur chanteur et acteur dont il avait fait la connaissance il y a quatre ans lors d’une performance de danse moderne. Depuis, la vie les a souvent fait croiser : Une formation théâtre au centre culturel français, puis un séjour en France durant lequel Adham et le patron ont joué ensemble un spectacle cabaret à Chatillon sur Seine avec la troupe de Jacques Senelet. Adham est parmi ces jeunes égyptiens doués en tout : Il danse merveilleusement bien, a une voix rarissime de contre ténor, compose des musiques. Bref, c’est un artiste complet. Le patron est toujours heureux de se trouver en sa compagnie parce qu’il apprend beaucoup de choses dans ce monde de spectacle qui l’a toujours passionné. Et c’est justement pour ce monde de spectacle qu’Adham téléphonait ce jour là pour proposer au patron un rôle dans une pièce en arabe montée par une amie à lui. Le patron s’enthousiasme pour l’idée surtout qu’il venait de commencer les vacances et qu’il n’avait pris encore aucun engagement pour l’été. En plus, jouer en arabe sera une première pour le patron, lui qui a uniquement joué en français ou monté des pièces en français. Mais, son travail dans le domaine du théâtre est toujours resté au niveau d’amateurisme. Jamais il n’a joué avec des pros. Là, une occasion en or s’offrait à lui. Il devait quand même passer par un casting pour voir si la metteur en scène en serait convaincue. Bref, excité par l’idée, le patron s’est lancé alors dans cette aventure qui dure maintenant depuis un mois et demi. Il a, en effet, réussi son casting, et il s’est trouvé engagé, pour la première fois dans sa vie, à jouer avec des jeunes pros. Quatre jours de répétitions par semaine, chaque fois cinq heures. Il doit partir de la pension en plein chaleur, à quatre heures de l’après midi, justement au moment où les rues sont désertes, traverser une bonne partie du Caire, pour se trouver au centre ville, frais et dispo pour s’attaquer aux répétitions. Son premier problème, était son intonation à la française. Il a découvert qu’il parlait arabe avec une intonation française ce qui n’allait pas du tout pour son rôle. Il devait donc s’exercer à part, avec une actrice, pour lui enseigner comment parler arabe avec une intonation arabe. Il avait un peu honte de lui quand on lui avait fait la remarque, mais, en même temps, ça l’a amusé de savoir que le français était devenu parti intégrante de sa personnalité. Il a dû aussi apprendre à faire sa place au sein du groupe d’acteurs : tous jeunes, disons, beaucoup plus jeunes que lui, ils se connaissaient déjà, et le patron avait un peu de mal au début à pouvoir trouver sa place. Puis, petit à petit, grâce aux heures interminables de réchauffement, de répétitions, etc., l’esprit du groupe s’est soudé. Le travail avec Leila Soliman, la metteur en scène est méticuleux ! Ayant fait ses études à l’école allemande au Caire, elle a cette intransigeance typique des allemands. Jamais le patron n’imaginait trouver quelqu’un de si ponctuel. Pourtant, si le rendez vous est à dix sept heures, cela voulait dire qu’il n’est pas à dix sept heures deux ! Cette ponctualité est juste un petit exemple pour expliquer la qualité du travail effectué pour les répétitions. Chaque réplique est étudiée dans ses plus petits détails, chaque arrêt est là pour indiquer le passage d’un état d’âme à un autre état d’âme. Les mouvements sur scène sont travaillés et retravaillés puis re-retravaillés. La mise en scène est avant-garde et le choix des costumes ainsi que les couleurs, tout est étudié pour donner une œuvre de création. Le patron apprend tout le temps. Il ne s’était jamais imaginé que le travail dans ce domaine était si intransigeant et si méticuleux. Souvent, les acteurs arrivent à la fin de la répétition, crevés mais heureux que le travail avance lentement mais surement. Certes, il y a des moments de frustrations, de tensions, mais l’envie de monter cette pièce et de la jouer prend le dessus. Malgré les problèmes techniques, la censure qui menaçait de tout faire couler, la pièce avance petit à petit vers le Jour J. Actuellement, les acteurs répètent tous les jours jusqu’au jour de la première. Dans moins de dix jours, le patron sera sur scène, au théâtre El Hanaguer, sur le terrain de l’opéra du Caire, pour jouer « A votre service ! » Du 21au 25 juillet au théâtre Hanaguer à 21h, et du 27 au 29 juillet à Minia, au sud du Caire au théâtre des Jésuites. Si vous êtes au Caire, ou à Minia,  n’hésitez pas à venir applaudir sa première apparition dans une pièce en arabe.

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N
Super Nagui, c'est génial ! Dommage que Le Caire soit si loin de nous pour le moment... Et dire qu'on a jamais eu l'occasion de te voir sur scène ; peut-être la prochaine en France ? En tout cas, bonne chance pour tes représentations, on pense bien à toi ! bisous
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R
Felicitations Nagui pour votre participation a cette piece. Vous avez mentionne tres rapidement le mot censure dans votre propos. Je suis curieux de savoir pourquoi les autorites auraient voulu censurer la piece?? Bonsoir.
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N
Merci pour tous ceux et celles qui m'ont écrit un commentaire pour m'encourager! J'aurais aimé que vous soyez tous là pour voir la pièce !!! Le compte à rebours a commencé et maintenant plus que quelques jours avant la montée sur scène ! Je prends toutes les Merdes que vous m'envoyer : apparement ça porte bonheur ! On verra bien !
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M
Certe je serai présente!!!! bonne chance pour ta performance :))
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M
Quel plaisir de voir notre Nagui si heureux et enthousiaste. Finalement ce n'est que justice de te voir ainsi pratiquer cet art qui te va à la perfection. Mais quelle déception de ne pouvoir venir t'applaudir ... Sauf si tu rejoues en 2010 car je reviens au Caire... Bises. manuel
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