L'explosion de joie
Au moment même que le patron écrit ces quelques lignes, le son des klaxons dans les rues du Caire ne s’arrête pas ! Pourtant il est presque minuit ! Mais les Egyptiens ne dormiront pas cette nuit après tant de stress pendant des semaines et surtout après le stress, voire le désespoir jusqu’à la dernière minute du match Egypte- Algérie. Mais commençons par le début. Le patron avait promis à ses parents de déjeuner chez eux après l’école, 
surtout que toutes les écoles du Caire ont eu l’autorisation de sortir tôt aujourd’hui en raison du match. 
Du coup, comme il a de moins en moins le temps de déjeuner avec ses parents, le patron a profité et a bravé les rues qui, déjà à midi commençaient à vivre une folie de la part des conducteurs et des supporters égyptiens qui se rendaient déjà au stade. 
Dès que le match a commencé, et que les rues ont commencé à voir un moment de calme, le patron s’est sauvé chez lui pour pouvoir rentrer avant que la circulation ne soit impossible en cas de victoire de l’Egypte. 
Il a juste eu le temps de voir le premier but de L’Egypte marqué à la troisième minute, puis, il s’est dirigé à la pension et s’est mis devant un film français. 
De temps en temps il entendant hurler le voisinage pour un but manqué. Puis, vers les dernières cinq minutes du match, le patron a jeté quand même un coup d’œil, histoire de vivre les derniers moments du match. 
L’Egypte semblait ne pas réussir à marquer le deuxième but qui allait lui permettre d’égaliser l’équipe de l’Algérie et de rejouer ainsi un match décisif au Soudan. Le patron regardait la tête des supporters à la télé, tous la mine défaite, tous blême devant tant d’enthousiasme qui s’évaporait sous leurs yeux. Pauvres égyptiens, pensait le patron ! Même pas capables d’être heureux pour quelques heures ! Cette victoire tant attendue s’échappait pour laisser un peuple en désarroi.
Puis, juste à la dernière minute, le deuxième but fut marqué ! Le patron, bien qu’il s’en foute du foot a hurlé de joie effrayant au passage ces deux chats qui somnolaient près de lui. Ils n’ont pas l’habitude de voir le patron s’agiter devant un match de foot ! Mais en un bon, tous les deux ont fui sous les meubles pour en ressortir quelques secondes après, prudents d’abord tout en regardant le patron étonnés de son comportement inhabituel. Une fois le match terminé, les klaxons ont repris de plus belles !
Le patron alors s’est lancé lui aussi dans la rue, se dirigeant vers la grande place Roxy, pas loin de la pension où il s’est promené pour prendre quelques photos de son peuple qui a laissé éclaté sa joie. Des scènes de folies et d’euphorie : des familles entières dans leur bagnoles brandissant le drapeau égyptien, klaxonnant sans discontinu. Les moins riches, sans voitures, se sont rués tous dans les rues pour danser et scander : Masr Masr ! Petits et grands, riches et pauvres, hommes et femmes, tous tous tous ont littéralement 
laissé éclater leur joie comme s’ils ne s’attendaient pas que ce deuxième but soit une réalité ! Maintenant l’Egypte vivra encore un jour de folie, le 18 Novembre où peut être l’équipe nationale réussira, enfin, à arriver au Mondial ! Certes, le foot est l’opium du peuple, certes que le patron aurait aimé voir ce sentiment d’appartenance à l’Egypte se manifester dans tous les autres domaines de la vie, certes, c’est enrageant de voir les sous que les Egyptiens ont dépensé pour s’acheter les drapeaux et les chapeaux pour cette occasion surtout pendant la crise économique dont tout le monde parle ! 
Mais, ils sont comme ça les Egyptiens : Un rien les rend heureux ! En attendant, le patron lui aussi attendra une nouvelle explosion de joie le 18 novembre.