Enragé suite suite suite...
Pour se calmer les nerfs avant l’affront avec l’ennemi, le patron a quand même décidé de profiter du calme du vendredi matin pour découvrir Le Trianon, fameux salon de thé qui a enfin ouvert ses portes dans un joli coin à Héliopolis. (Là aussi, le patron promet qu’il écrira un bon article sur ce salon de thé très célèbre). Il est alors sorti de la pension pour trouver la bagnole de la voisine garée juste à coté de celle du patron, comme de sœurs qui ont toujours grandi ensemble sans grandes histoires et qui se détestent actuellement comme deux déesses de l’Egypte moderne. Il sourit le patron en voyant ça, prend une photo pour le souvenir, et se lance enfin dans les rues désertes d’un vendredi matin. Le resto, encore brillant neuf, est vide avant la prière du vendredi. 
Le patron profite alors et commende un bon petit déjeuner pour deux puisqu’il était accompagné de son ami Wael qui faisait de son mieux pour changer les idées au patron. 
Des petits sandwichs au fromage, au saumon au thon, puis des petits croissants salés, d’autres sucrés, d’autres encore couverts de petites noisettes, des petites bouchées d’éclaire au chocolat, des petits morceaux d’un délicieux gâteau au chocolats ! Le tout accompagné d’un bon thé. Au bout d’une heure, la prière bat son plein et le patron, assourdi par les hauts parleurs, se sauve de nouveau à la pension. Il pense bien à garer sa bagnole bien loin de la maison craignant que la discussion avec le papa de la voisine ne dégénère. Puis, il se fait une bonne sieste et enfin se réveille pour téléphoner à monsieur Père afin de prendre rendez-vous avec lui. Il compose le numéro qu’il avait pris la veille du marchand du coin. Le téléphone sonne plusieurs fois sans réponse. Il essaye une deuxième fois, et là, enfin, une voix lui lance un salamo 3alekom. Ça commence bien ! Monsieur Père est parmi ces hommes qui pensent que c’est antireligieux de dire allo au téléphone et ne commencent que par le fameux salamo 3alekom ! Bref, le patron se présente et lui demande rendez-vous. Ok ! à 19 heures devant la maison du père au bout de la rue. Il n’est alors que 15 heures et le patron s’impatiente. Il commande un déjeuner, mange accompagné toujours de Wael absorbé par du boulot. Il replonge ensuite dans son lit pour essayer vainement de faire une sieste et de tuer ainsi le temps qui lui semble lent.
Il papote avec ses chats qui présentaient la tension que vivait le patron. Ils se posent alors autour de lui sur le lit, se mettent tous les deux à ronronner ensemble et le patron s’endort ainsi bercer par leur sourd ronronnement. A 18 heures trente, Wael lui prépare un bon café. Il se prépare, avale son café en vitesse et part à la rencontre de l’ennemi. Il n’oublie pas de demander au portier de l’accompagner pour qu’il témoigne et pour qu’il raconte exactement ce qu’il avait dit et vu. Bref ! Le monsieur attendait devant chez lui. Il avait installé deux chaises en plastiques violet sur le trottoir, cette horrible couleur que le patron déteste. Tout d’abord le patron s’excuse pour les égratignures et lui explique les circonstances de l’incident. Le monsieur l’entend sans le regarder. Il est de ces hommes qui sont très surs d’eux-mêmes et qui aiment le montrer. Le patron ne se laisse pas impressionner et continue son histoire. Lorsqu’il terminer de narrer toutes les circonstances de l’incident, le patron lui dit qu’il était venu ce soir pour s’excuser et pour réparer les égratignures qu’il a faites à la portière et au capot. Là, le monsieur lui dit qu’il y avait d’autres égratignures sur le coffre. Le patron alors se rebiffe et lui dit qu’il n’avait rien commis d’autres et que s’il avait abimé le coffre aussi il l’aurait avoué, que si le monsieur ne voulait pas le croire c’était son problème et que s’il insistait que le patron paie pour des dégâts qu’il n’avait pas commis, c’était un risque, un grand risque, puisque Dieu n’accepterait jamais ça ! Il lui lance la phrase fatale et lui dit que Dieu n’accepte jamais la calomnie et qu’un jour ou l’autre Dieu se vengera. Le patron sait très bien, en tant qu’Egyptien, que ses concitoyens croient profondément dans la justice divine. Le patron d’ailleurs y croit aussi.
Bref, le père semble accepter le point de vue du patron et décide d’aller ensemble le lendemain chez un garagiste pour évaluer les dégâts. Le patron s’hasarde alors et lui dit que comme la voisine était également fautive, il lui semblait donc tout à fait normale que les frais de réparation soient divisés par deux. Le père semble indigné face à cette phrase mais le patron renchéri et lui dit qu’il savait très bien que cela semblerait pas juste mais que c’était quand même la justice totale et de nouveau il lui dit qu’il croit à la justice divine et que ce qui l’importait c’était de ne pas fâché Dieu ! Oui, la notion de Dieu est tellement importante dans la société égyptienne ce qui pourrait choquer pas mal d’amis du patron. Bref, rendez-vous aujourd’hui à 16 heures pour aller évaluer les réparations. On verra la suite !