Nuit d'angoisse!
Minuit cinq. Le patron ouvre tranquillement la porte de la pension. La lumière automatique connectée à la porte d’entrée s’allume. Titi est là à l’attendre tranquillement juste en face. Titi seule ? Pucci non. Il doit surement dormir tranquillement au dessus de l’armoire de la chambre du patron. Mais, en général, les deux chats sentent l’arrivée du patron quelques minutes avant et sont toujours là devant la porte d’entrée à l’attendre fidèlement. Le patron dépose ses affaires sur la table dans la salle à manger, Titi saute machinalement sur la table pour prendre sa dose de câlin. Pucci aurait dû maintenant être là, lui aussi pour saluer le patron. Mais, il se laisse désirer. Aucune trace. Juste un miaulement qui venait de quelque part. Inquiet, le patron se précipite alors dans sa chambre pour voir si Pucci ne jouait pas au paresseux et s’il ne voulait pas descendre de l’armoire. Il allume la lumière de la chambre. Son regard se porte directement au dessus de l’armoire, mais là non plus aucune trace du chat. L’aurait il enfermé dans son armoire ce matin avant de partir de la maison ? Pucci a souvent l’habitude de se précipiter à l’intérieure de l’armoire dès que le patron l’ouvre. Peut être, sans faire gaffe, le patron l’y aurait enfermé ? C’est peut être ça qui expliquerait ce miaulement sourd que le patron a entendu dès qu’il était rentré chez lui. Mais si c’était le cas, Hatem, le majordome de la pension qui était passé entre temps pour cuisiner au patron, aurait remarqué l’absence de Pucci et aurait téléphoné au patron pour la lui signaler. Or, Hatem n’a pas téléphoné de la journée. Il se précipite vers la salle à manger pour chercher ses clés dans son sac. Une envie folle de pisser le prend soudain. Il attendra. Il doit d’abord vérifier si Pucci n’a pas passé la journée enfermé dans l’armoire. Il retourne dans sa chambre. Titi le suit entre ses pieds et risque de le renverser. Ses mains sont moites. Il ouvre l’armoire vite mais n’y trouve pas son chat. Peut-être serait il enfermé sur le balcon ? Il se dirige alors vers le balcon, allumant au passage toutes les lumières de la pension à la recherche du chat. L’envie de pisser est intenable. Mais, la sueur froide qui couvre désormais le patron, cette angoisse qu’il commence à ressentir le fait surmonter encore pour quelques minutes cet appel de la nature. Il ouvre le balcon, mais, là non plus aucune trace du chat. Il n’en peut plus. Il doit vite se précipiter aux toilettes pour se libérer de cette pression qui lui ferait bientôt exploser la vessie. Il sent un frisson lui traverser le corps, se retourne pour vérifier si Pucci n’a finalement pas apparu, toute en maudissant cette quantité d’urine interminable qui ne fait qu’augmenter son angoisse. Une fois libéré, il retourne vite vers sa chambre pour vérifier une deuxième fois à l’intérieure de l’armoire, descend sous le lit pour voir si le chat ne s’y serait pas caché : Parfois, quand les chats ne se sentent pas bien, ils se cachent sous un meuble et disparaissent pour quelques heures. Peut-être que Pucci était-il agonisant sous un lit ? Les habits du patron sont littéralement trempés de sueur froide. Décidément le chat n’était plus dans la pension. Se serait-il enfui lorsque le patron a ouvert la porte ? Mais alors ce miaulement ? Si c’était le cas, cela voulait dire que le chat était devant la porte de la pension. Le patron se précipite alors vers la porte, l’ouvre. La lumière automatique s’allume de nouveau. Mais, sur le seuil de la porte, pas de chat. Angoissé, le patron regarde alors Titi, qui, durant tous ces va et vient, n’a pas cessé de suivre le patron. Restera- elle seule maintenant ? Le patron aurait-il perdu son chat aussi bêtement ? Il se rappelle alors de son premier chat qu’il a perdu et comment il l’avait pleuré ! Pucci aurait-il le même sort ? Finirait-il dans les rues du Caire qui ne tolèrent guère les chats errants ? Il sent alors les larmes lui embrouiller la vue. Il se précipite alors sur son portable, appelle Hatem. Ses mains tremblent. Il a du mal à appuyer sur les boutons. Au bout de quelques secondes qui paraissent interminables, Hatem répond avec sa voix calme. Le patron lui demande alors tout tremblant s’il n’avait pas vu Pucci ? Hatem ne comprend pas la question. Le patron lui annonce alors qu’il n’arrivait pas à trouver le chat à la maison. Le calme de Hatem l’exaspère. Son majordome lui assure que le chat n’a pas quitté la maison et qu’il doit bien se cacher quelque part. Certes, mais où ? C’est à ce moment là que le regard du patron traverse la salle à manger, puis la salle du séjour pour se poser enfin sur les vitres de la fenêtre fermée. Derrière, Pucci, debout sur la climatisation, gratte toujours désespérément la vitre qui l’emprisonne. Le patron se précipite alors vers la fenêtre, l’ouvre. Le chat lui fait un petit miaulement de bienvenu, et saute à l’intérieure en ronronnant, heureux d’être enfin libéré de cette prison à ciel ouvert. Le patron s’écroule sur le canapé.